Le père dominicain Louis Joseph Lebret (1897-1966), a été un « éveilleur d’humanité ». Il a été l’inspirateur et le créateur avec Ernest Lamort du premier système de protection sociale des marins. Il est aussi créateur du fameux mouvement « Economie et Humanisme » (1941), prônant la mise en œuvre d’une « économie humaine », inspirateur et principal rédacteur de l’encyclique du pape Paul VI, Populorum progressio (1967).
Il fait partie de ces « hommes de caractère » de notre territoire « entre terre et mer », qui ont marqué leurs siècles par leur inspiration, leur vision et leurs actions.
Les dominicains, frères prêcheurs du couvent de Rennes qui fêtent le jubilé de leur ordre (800 ans cette année), ont décidé de se retrouver autour de la mémoire du Révérend Père Lebret, natif du Minihic sur Rance, décédé il y a cinquante ans.
Nous étions plusieurs, autour d’eux, dont beaucoup de membres de la famille Lebret, le 10 septembre 2016 pour le fêter.
Après une messe concélébrée en l’église du Minihic sur Rance, avec la participation effective des frères prêcheurs du couvent de Rennes, et ce après une absence de plus de trente ans, l’appui des paroisses de Dinard et Saint-Malo. nous avons été au cimetière du Minihic sur Rance, nous recueillir sur la tombe du Révérend Père Lebret et nous associer aux prières et chants d’action de grâces des dominicains.
Nous avons ensuite partagé un pique nique sur place, « alimenté » par la « Cale Gourmande », créée au Minihic par deux associés, dont le petit fils de madame Lebret, monsieur Leray, arrière-arrière petit neveu du Révérend Père Lebret. Ce fut un bon moment d’échanges conviviaux autour du Révérend Père Lebret, que nous avons poursuivi ensuite, en allant jusqu’à la Chapelle Saint-Buc, où le Révérend Père Lebret y donnait la messe tous les matins, quand il était en vacances sur site.
La Présidente de l’Association Chapelle Saint-Buc, madame Chantal Dehaye et son mari, nous ont accueillis et nous ont fait une excellente présentation historique de cette magnifique chapelle, laquelle accueille chaque été un programme cultuel et culturel, de qualité et de plus en plus riche.
Cette journée, qui suivait celle organisée, il y a un mois, par Pascal Gautier dans le cadre des Routes diocésaines, avait pour objectif de recréer le lien « perdu » entre les dominicains et la famille Lebret, afin de nourrir un projet que nous avons en perspective, valorisant sur place, les valeurs portées par le Révérend Père Lebret.
Elle a été suivie, le 15 octobre, par notre participation effective et notre contribution au colloque international organisé par l’Université de Rennes 1, le Couvent Saint-Anne des Dominicains et l’Archevêché de Rennes à l’occasion du jubilé de l’ordre des dominicains (800 ans), sur le thème suivant : « Actualité de la pensée du Révérend Père Lebret ». Informations sur le site : http://ismea.perroux.free.fr/LEBRET/
Le 29 novembre 2017 : Conférence de Loïc Le Floch-Prigent à l’IUT de Saint-Malo,
Cette conférence, organisée grâce à notre initiative, l’Association « Entre Terre et Mer », avec la complicité active de l’IUT, son président, Claude Carpentier, son directeur, Abel Kinié, et les clubs rotariens de Saint-Malo dont le tout nouveau club Rotaract adressé aux jeunes, s’est inscrit dans la continuité de nos journées sur le Père dominicain Louis Joseph Lebret, à l’occasion du cinquantenaire de sa mort..
Il s’agit pour nous d’initier un cycle de conférences, au moins une par an, sur le « concept d’économie humaine » que le père Lebret a déployé et mis en œuvre de par le monde, il y a bientôt 60 ans.
Le monde a bougé depuis, notre territoire, « Entre Terre et Mer » aussi et il dispose de ressources nouvelles. Nous devons donc réfléchir ensemble sur les voies à imaginer et à suivre pour réussir notre avenir.
A l’instar du mouvement « Economie et Humanisme », qu’il avait créé à son époque, il y la place sur notre territoire pour créer une sorte de « Centre d’Etudes et de Prospective » sur les conditions à remplir pour construire une « économie humaine » répondant aux attentes des « entrerreetmériens », du Pays de Rance-Emeraude.
Le 29 novembre, notre premier conférencier, Monsieur Loîc Le Floch- Prigent, personnalité reconnue et entrepreneur développeur, observateur pertinent du monde économique à venir au niveau planétaire, nous a fait prendre un peu de hauteur en traitant, de la « Bataille de l’industrie », sans laquelle l’avenir de notre jeunesse ne pourra trouver d’assises suffisantes, pour construire un avenir pérenne dans une économie mondialisée et numérisée.
Réaction du Père Prieur du couvent des dominicains de Rennes à notre initiative.
« Bonjour, bien reçu et merci. Belle proposition qui est tout à fait en lien avec Lebret et notre colloque. Malheureusement, je ne serai pas là, suis retenu à Rennes par mon travail. A la prochaine, et bon avent ». fr Yves,op
Retour très positifs sur la conférence, avec un regret partagé par beaucoup, celui d’avoir eu aussi peu de participation d’étudiants de l’IUT. à la conférence. C’est d’autant plus regrettable que nous avions fait venir Loïc pour eux, en première cible. No comment !
Comme convenu, après la conférence, temps qui nous a permis de rencontrer beaucoup de monde, nous avons pu tenir dès vendredi l’entretien promis avec monsieur Bruno Boulc’h Mascaret, responsable du réseau Ecole et Monde Professionnel au sein de l’APEL. Il souhaitait aussi avoir plus de précisions sur le projet de l’Institut Jules Verne, projet qu’avait évoqué Loïc Le Floch- Prigent
Excellent entretien, au cours duquel nous avons échangé sur la pertinence de leur démarche, laquelle est bien dans l’esprit de la venue de Loïc à Saint-Malo et de notre engagement dans la création de l’Institut Jules Verne avec une dimension Grand Ouest.
Nous sommes convenus avec Bruno de garder des liens, voire de participer ou d’organiser des rencontres avec les jeunes et leurs parents sur ces problèmes d’adaptation de nos comportements individuels et collectifs face à cette évolution d’une économie mondialisée et numérisée, qu’il nous rendre humaine, malgré tout.
Une première réunion est d’ailleurs déjà, programmée par Bruno le 17 janvier prochain à Saint-Malo, à laquelle nous participerons.
Enfin, dans le même esprit, nous avons été à Mauléon (79) lundi soir 5 décembre, pour rejoindre le CERA, (Centre d’Etudes et de Recherche Avancée), à la création duquel j’ai participé avec, à l’époque, plusieurs industriels et experts dont, Didier Pineau Valencienne, il y a plus de quarante ans maintenant. Jamais moins de trois cents personnes aux conférences. Le sujet de cette soirée organisée par le CERA est : « La Grande Vendée »,avec un questionnement et une approche territoriale identique à celle que nous menons ici sur le Pays de Rance-Emeraude, avec l’association « Entre Terre et Mer ».
« Pour une économie humaine » :
Depuis le 10 novembre, nous avons participé activement à une réflexion initiée par Monseigneur d’Ornellas, évêque de Rennes, dans la continuité des journées sur le Père Lebret, sur la construction d’une « économie humaine », en Ille et Vilaine, face aux enjeux du 21 ème siècle. S’imprégnant des principes du Père Lebret, il lui a paru opportun d’écouter les acteurs économiques et sociaux du département pour préciser quelques principes issus de la Doctrine sociale de l’Église pour la situation présente de l’Ille-et-Vilaine et de la Bretagne en regard des cinq grandes mutations qui marquent notre époque , bien identifiées par Yves Morvan : un changement géographique : de nouvelles contraintes et de nouvelles opportunités économiques, un changement technologique : nouveau système productif et nouveaux modes de vie, un changement environnemental : de nouveaux rapports à la nature, un changement démographique : nouvelles populations et nouveaux modes d’organisation, un changement institutionnel : de nouveaux rapports aux territoires.
La démarche de réflexion initiée le 10 novembre dernier a abouti, comme prévu, à la sortie d’un livre en librairie « Pour une économie humaine ». le 13 avril (Salvator-Diffusion). Il s’agît d’un ouvrage collectif réalisé à l’initiative de Monseigneur d’Ornellas, par soixante et onze acteurs de la société civile sur la base d’une note rédigée par Yves Morvan sur les cinq grandes mutations du monde en cours (voir plus haut). Cette initiative, pour partie induite par les journées consacrées à la mémoire du Père Lebret (voir rubrique spécifique au -dessus), à laquelle nous avons apporté notre contribution active, s’inscrit dans notre projet de créer un Centre de Recherche et de Prospective sur la mise en œuvre de l’Economie Humaine sur notre territoire. Depuis, d’autres réunions ont eu lieu. Dès septembre nous aurons l’occasion de vous en dire plus.
Ce 21 août, voir rubrique « Actualités », nous avons eu la chance, grâce à l’intermédiation amicale du nouveau président de la SAAHSM, Monsieur Jean-Luc Blaise de rencontrer Monseigneur Christophe Pierre, Nonce apostolique à Washington. Servannais, ancien élève de l’Institution de Saint-Malo, Mgr Christophe Pierre qui parle plusieurs langues est nonce apostolique depuis plus de quarante ans et a exercé dans une dizaine de pays . « Chaque été, quand j’arrive à Solidor et que je marche sur les bords de Rance, je me sens chez moi ». Le thème traité et sa complicité avec quelques amis présents dans la salle, dont celle de Jean-Luc Blaise, nous ont valu l’honneur de le rencontrer et d’échanger ensemble sur le Révérend Père Lebret. Très sensible à l’oeuvre de celui-ci, dont sa contribution à l’Encyclique Popularum progressio (Paul VI, 1967), il nous a encouragé à poursuivre dans notre volonté commune, la SAAHSM et ETEM, de nous inscrire de manière pérenne dans une démarche de réflexion et d’actions valorisant son concept « d’Economie Humaine ». Il sera un soutien pour nous. Le lien a été établi, très chaleureux, Monseigneur recevra à l’avenir nos lettres d’informations A suivre donc.
Retour sur les Rencontres internationales des 14 et 15 juin 2018 au Pays de Mené : Du souffle pour nos territoires, organisées conjointement par le Pays de Mené et le RIEH. voir aussi rubrique « Actualités ».
On trouvera ci-après les premiers éléments de réflexion proposés par l’équipe du RIEH en retour des échanges de ces deux jours :
I. Des territoires en marche vers l’économie humaine : Une perspective dont l’intérêt est confirmé dans le monde entier : Promouvoir par l’action collective l’économie humaine au niveau local est non seulement possible mais nécessaire. L’action collective pour résister à la fatalité est possible, y compris dans des contextes très difficiles. Elle est possible dans des contextes très différents. C’est une perspective mobilisatrice pour tous les continents. C’est une thématique sur laquelle les échanges sont fructueux.
2. Le référentiel de l’économie humaine qui se compose de quatre composantes essentielles – Développement intégral (Tout l’Homme), solidaire (Tous les hommes), participatif (Par tous les hommes), en harmonie avec le vivant (L’homme comme partie du vivant et comptable pour que la vie perdure au mieux sur notre terre) – permet de caractériser la vision qui mobilisera les acteurs d’un territoire et d’analyser leur action pour la faire progresser.
3. La démarche « Voir, apprécier, agir », apparaît toujours pertinente. Elle se décline dans les principales étapes suivantes : mener une enquête participative, dont les résultats sont appropriés par la population, analyser collectivement et objectivement, la situation avec ses forces et ses faiblesses, ses risques et ses opportunités, partager collectivement les grandes orientations pour l’action, décliner un plan d’actions, le mettre en œuvre et en évaluer les résultats.
4. Pour que ça marche, il faut une convergence entre la population, ses organisations et les élus locaux. Les initiateurs de l’action peuvent être « la société civile » ou les élus et dans les deux cas l’un ne peut rien sans l’autre, tout est question d’opportunité et de timing. Il est essentiel de construire des consensus par la concertation. Cette démarche reconnaît la légitimité de la différence des points de vue, qui tient à la différence des positions des personnes et des groupes dans la société, à la différence des intérêts, des valeurs et des projets de société. Elle s’oppose à celle qui cherche uniquement à imposer un point de vue par la force ou à « faire de la pédagogie » pour faire accepter leur façon d’agir. Elle considère qu’il n’y a pas simplement opposition entre « le peuple » porteur de l’intérêt général et les élites porteuses de leur intérêt particulier, mais bien souvent des logiques divergentes, voire opposées. Seule la concertation vise à sortir des contradictions par le haut, dans une logique gagnant/gagnant. Cette démarche n’est pas pour autant irénique. Face à la violence et à l’abus de pouvoir, elle oppose la force du grand nombre de personnes conscientes et déterminées.
Pour que ça marche, il est essentiel que la concertation débouche sur un programme d’actions partagé. Il ne suffit pas que chaque personne vivant sur le territoire et chaque entreprise qui y est implantée agisse selon son intérêt particulier pour que ce territoire connaisse un développement harmonieux. Il faut mettre en œuvre (réhabiliter ?) une stratégie de développement conçue comme un accord pouvant être contractualisé entre tous ces acteurs pour atteindre des objectifs communs, inscrits dans un calendrier précis. La mise en œuvre de ce programme d’actions concerté repose sur une pluralité d’acteurs : des personnes portant des initiatives, des associations et coopératives constituant l’économie sociale et solidaire à l’échelle du territoire, des entreprises privées, quelle que soit leur taille, acceptant de poursuivre leur intérêt propre en concourant à l’intérêt général, des entreprises publiques et des administrations, quelles dépendent des autorités locales ou soient rattachées à des ensembles régionaux ou nationaux.
Il faut souligner le rôle déterminant de leaders/animateurs de la démarche territoriale faisant preuve de détermination, de courage, de persévérance, d’écoute et de capacité narrative pour emporter le rêve atteignable, mobilisateur des énergies de chacun. Ce rôle n’apparaît pas nécessairement dans des fonctions spécifiques. En fait chaque acteur, quelle que soit sa position et sa fonction, est appelé à faire preuve de ces qualités humaines. Le territoire est à la fois enracinant et ouvert. Il cherchera à établir des contrats avec les autres niveaux d’organisation politique, avec les acteurs économiques, sociaux, culturels de niveau géographique plus large. Au total, dans une situation où les interdépendances et la globalisation vont croissant, l’action collective au niveau du lieu où l’on vit et travaille, apparaît comme une composante nécessaire de la résistance aux forces qui cherchent à imposer la concentration des richesses et du pouvoir aux mains de quelques uns ou de quelques lieux. Il s’agit bien de construire une alternative où l’argent investi, les valeurs ajoutées créées et le pouvoir sont partagées « humainement » entre tous.
II. Il reste que plusieurs questions restent à traiter ouvrant à autant de débats que nécessaire pour aller plus loin
Il y a sûrement une fonction à développer : animateur du développement local. Comme dit ci-dessus, il peut s’agir d’un métier, mais c’est surtout une façon d’exercer son rôle d’élu, de membre ou de dirigeant d’une association ou d’une entreprise de l’économie sociale, d’expert, de formateur, de chercheur. Comment reconnaître cette fonction, la valoriser, la promouvoir, notamment par la formation ? Ce peut être une fonction du RIEH de permettre à toutes celles et ceux qui partagent cette façon d’exercer leur rôle d’échanger et de se conforter.
De même il faudrait relancer l’éducation populaire. L’accent a été mis durant la rencontre sur la nécessaire conscientisation des populations du territoire. C’est un des objectifs des mouvements d’éducation populaire de développer cette conscience de ce que chacun et tous vivent et peuvent faire. Ces mouvements sont-ils dépassés à l’ère de l’Internet et des réseaux sociaux ? Quelles formes anciennes ou nouvelles peut prendre l’éducation populaire dans les différents contextes de société ? Quel rapport entre l’éducation institutionnalisée et l’éducation populaire ?
De même, il faut approfondir par l’analyse d’exemples, les démarches d’enquête participative, de concertation, de planification multilatérale, d’évaluation pour progresser ensemble. Comprendre quels sont les ressorts de l’engagement des personnes qui jouent un rôle moteur dans l’action collective ? Comment renforcer les capacités de ces leaders/animateurs ?
Dans la vision qui porte et que portent les acteurs de l’économie humaine au niveau local, il y a manifestement une critique de l’individualisme, du matérialisme et du consumérisme au profit non seulement de valeurs mais d’une recherche de sens de la vie humaine personnelle et collective. Peut-on donner à cette recherche de sens le, nom de spiritualité ? Comment cette spiritualité peut-elle être non seulement vécue par chacun, mais être reconnue et promue collectivement, tout en respectant la nécessaire pluralité des réponses portées à cette question du sens ?
Enfin il nous faudra aussi poursuivre le débat sur l’articulation entre la prise en main par la population de son destin au niveau local et l’exercice du pouvoir aux niveaux géographiques plus larges : régional, national, continental, mondial.
Autant de sujets que nous vous proposerons à travers des conférences ou rencontres auxquelles ETEM apportera tout son appui et celui de son réseau.