Amélia Bouvet : Saint-Servan 28 janvier 1839- Paris 17 juin 1926

 

Le 14 décembre 2019 à l’hôtel L’Univers à Saint-Malo  nous avons eu une Rencontre avec Marc Tardieu, sur le thème suivant :  » Amélia Bouvet, le glorieux destin d’une Malouine méconnue ». à partir de son roman : « Madame de Saint-Malo ou La Fidélité ». Cette rencontre, organisée par notre association, a permis à plusieurs de nos membres, grâce à des lectures à deux, de Marc et de son épouse, mises en scène fort habilement. de quelques extraits commentés du livre ou de documents historiques de l’époque, d’entrer dans la vie du personnage d’Amélie avec beaucoup d’intérêt.  Ce fut un moment fort apprécié de la vingtaine des personnes présentes. Une très belle soirée qui se prolongea tard dans la soirée autour de discussions entre tous les présents et Marc, lequel a dédicacé plus d’une vingtaine de livres. Fort de ce moment de qualité, nous imaginons le reproduire l’année prochaine pour le proposer à davantage de nos membres.

L’histoire dAmélie, de l’époque concernée en valent la peine. Nous profitons de cet événement pour vous donner quelques éléments sur le parcours extraordinaire d‘Amélie, en nous appuyant sur des sources diverses dont celles que nous a données Marc Tardieu.

Saint-Malo, cité corsaire, est surtout connue pour ces hommes, en particulier les marins et corsaires, découvreurs, notamment Jacques Cartier, de la Touche de la Ravardière, Duguay-Trouin, Surcouf, Charcot et d’autres. Dans d’autres domaines comme la médecine, il y a le docteur Broussais, qui était le grand spécialiste de la médecine sous Napoléon, dans le domaine de la religion, les frères Lamennais, de la littérature, l’écrivain Chateaubriand… Ce visage très masculin de la ville a été renforcé par l’expression « Ces Messieurs de Saint-Malo », utilisée à l’origine par Louis XIV pour désigner les négociants malouins. C’est aussi le titre de l’un des livres-clés de la trilogie romanesque consacrée à Saint-Malo au temps des corsaires par Bernard Simiot. N’acceptant pas cette réduction à la gente masculine, Marc s’est mis dans l’idée  de rechercher une dame de Saint-Malo qui en serait en quelque sorte le pendant féminin. « J’ai bien sûr rencontré sur mon chemin Jeanne Jugan, la créatrice des Petites Sœurs des pauvres, qui a été depuis canonisée, et aussi la chanteuse Suzy Solidor, qui a pris pour patronyme le nom de la célèbre tour de Saint-Servan afin de bien marquer son ancrage local.  Amélia Bouvet, je l’ai d’abord découverte sous la plume de Gilles Foucqueron, dans son livre Saint-Malo, 2000 ans d’histoire, livre remarquablement documenté s’il en est et qui nous sert souvent dans nos recherches.Née à Saint-Servan, le 28 janvier 1839, fille du fils de l’Amiral Bouvet, Mlle Amélie Bouvet épousa en 1866 M. Henri Carette, grand propriétaire terrien dans l’Aisne, à Coucy-le-Château, exploitant une usine de sucre et Conseiller général de l’Aisne. Elle fut nommée Dame du Palais par Décret paru le 22 avril 1866, le jour de son mariage célébré à la chapelle des Tuileries. L’Impératrice avait, en plus de la grande-maîtresse et de la dame d’honneur, des dames du palais, dont le nombre, d’abord de six, fut porté à douze. Celles-ci ne logeaient pas au palais et y venaient en voiture ; elles assuraient leur service à deux, pendant une semaine, à tour de rôle. Madame Carette était de service le jour de la fameuse entrevue, en août 1866, des souverains français et de l’Impératrice Charlotte, femme de l’infortuné empereur du Mexique, Maximilien, venue supplier Napoléon III de ne pas retirer ses troupes du MexiqueLa guerre de 1870 et la chute de l’Empire mit fin à ses fonctions. Dès lors, Mme Carette ne quitta guère son château de Nogent,  y subissant avec M. Carette, qui était maire de la commune, l’occupation allemande et se consacrant à l’éducation de ses trois fils. Difficultés dans l’industrie sucrière, ruinés dans les années 1880, ils quittent l’Aisne pour Paris où Mme Carette avait de la famille du côté de sa mère et où l’éducation de ses fils pouvait se faire dans de meilleures conditions. Carette, déjà âgé et malade, réagit difficilement dans ces pénibles circonstances et mourut. Mme Carette se mit alors à écrire, ce qu’elle fit pendant plus de trente ans, jusqu’après la guerre de 1914. Après deux romans, L’Outrage et Passion, elle publie ses Souvenirs intimes de la Cour des Tuileries en trois volumes à une époque où précisément l’impératrice Eugénie était très dénigrée et attaquée. Ces souvenirs eurent beaucoup de succès à l’époque. Puis elle voulut rendre disponibles toute une série de Mémoires de femmes célèbres des 17ème, 18ème et du début du 19ème siècles pour jeunes filles, réduisant l’œuvre de chaque auteur en un seul volume. . De l’avis même de lecteurs cultivés ou historiens. Grâce à ses écrits, elle permet d’aborder  plus facilement sous cette forme condensée les mémoires de la duchesse d’Abrantès, par exemple, qui comprennent en réalité seize volumes, ou ceux de la marquise de Créquy qui en comportaient au moins une vingtaine ! Un travail remarquable.Amélie Bouvet ? Une « malouine  » méconnue des malouins à laquelle nous voulons rendre hommage en en parlant dans notre rubrique  » Les Illustres ».