Jeanne JUGAN (1792-1879)

Jeanne est née le 25 octobre 1792 à Cancale, 6ème enfant d’une famille de pêcheur, dont le père a disparu très, trop vite, une mère paysanne, au cœur d’un territoire dont la population est indigente mais soulagée par une solidarité forte entre les familles. Encore enfant, Jeanne garde les moutons et les vaches sur les collines qui surplombent le port de Cancale. Souvent, à l’aube, Jeanne se rendait à la Chapelle du Verger en souvenir de son père disparu alors qu’elle n’avait pas encore 5 ans. A 15-16 ans, elle devient aide cuisinière chez le propriétaire d’un manoir à Saint-Coulomb. Après avoir refusé à 24 ans, une demande de mariage, ayant entendu un appel : « Dieu me veut pour lui, pour une oeuvre qui n’est pas encore fondée »,  elle est embauchée à Saint-Servan comme aide soignante à l’hôpital, puis au service, chez des familles, à des travaux ménagers qu’elle ne cessera toute sa vie de pratiquer. En 1837, elle va, sans le savoir encore, trouver sa voie en venant en aide à une vieille femme aveugle et infirme, en l’accueillant dans la « Mansarde », qu’elle occupait à Saint-Servan avec deux de ses amies. Très vite deux autres femmes sont accueillies. Il a fallu changer de lieu et acquérir  un ancien couvent avec l’aide du jeune abbé Le Pailleur qui se révélera ensuite son pourfendeur mal intentionné.

C’est le début de l’aventure qui la conduisit à créer avec ses « soeurs » qui l’avaient choisie comme supérieure, la Communauté des « Servantes des pauvres ». On est en 1842. L’intuition de Jeanne correspond aux problèmes d’indigence de l’époque. Son Institution se développe très vite et prend, en 1853, le nom définitif de « Petites sœurs de pauvres ». A cette date, 1100 « vieillards » sont accueillis dans plus de 11 maisons et accompagnés par  plus de 100 « petites sœurs ». La suite fut moins facile pour elle par la faute principalement de son abbé mécène originel . Mise de côté pendant 27 ans, elle se replia dans la prière et dans le souci de transmettre aux jeunes novices présentes à la maison mère à Saint-Pern, tout son charisme fait d’humilité et d’engagement vers les autres, les indigents, les fragilisés, les vieux ! Elle s’est éteint à l’âge de 87 ans, en 1879.

Ce n’est qu’en 1890 que Jeanne recouvrit sa place de première fondatrice de la Communauté. Son corps est enterré à la Maison-Mère  à Saint-Pern.

Aujourd’hui les Petites Sœurs des Pauvres comptent plus de 200 maisons présentes sur les cinq continents, la dernière a été créée en 2007 aux Philipinnes.  12 000 personnes âgées ayant peu de ressources y sont accueillies par 2200 « petites sœurs » et 2100 membres de l’Association Jeanne Jugan (Laïcs associés).

Jean-Paul II, en la béatifiant le 3 octobre 1982 et Benoit XVI, en la canonisant le 11 octobre 2009 lui ont envoyé un message de reconnaissance de l’Eglise pour l’oeuvre de miséricorde accomplie, par « un français pauvre qui a fait l’action la plus vertueuse » (Prix de l’Académie française en 1845 !).

225 ans après sa naissance, son oeuvre est plus que jamais d’actualité. « Nous avons à apprendre la meilleure manière d’entourer les personnes âgées qui seront de plus en plus nombreuses en notre société d’aujourd’hui et de demain ». (Mgr d’Ornellas )

Clin d’œil du destin, mais aussi volonté de s’inscrire dans notre histoire, cette belle histoire qu’est celle de la vie de Jeanne Jugan, le projet « Vivons ensemble, des maisons familiales pour nos ainés » que nous accompagnons, (voir la rubrique de notre site « Entreprenons ensemble »), verra sa première expérimentation mise en oeuvre pas très loin de sa maison natale. Ce sera à Cancale, ville dont le maire a la volonté d’inscrire dans son espace urbain, une véritable chaîne de valeurs pour inclure les « séniors » dans un « vivre ensemble » pro-actif, le plus longtemps possible.

A lire, pour ceux qui seraient intéressés par l’aventure de Jeanne Jugan, parmi les nombreux livres édités, celui très intéressant et émouvant, écrit en 1939 par Ombline de la Villéon : Jeanne Jugan fondatrice et les Petites Sœurs des Pauvres, aux éditions la Bonne Presse dans la collection « Idéalistes et Animateurs »